Le ratio le plus élevé des décès maternels du pays se trouve dans les régions de Vatovavy et Fitovinany à raison de 928 décès pour 100 000 naissances vivantes (MICS 2018), soit environ 20 femmes qui meurent chaque jour dans la région.  Elle peut survenir soudainement, transformant un moment de joie en urgence vitale. L’hémorragie à la suite de l’accouchement reste la première cause de décès maternel à Madagascar (23%).

Il pleut depuis l’aube dans le district de Manakara.  Léonie se prépare à mettre au monde son quatrième enfant dans le centre de santé de base très fréquenté d’Ambila , qui enregistre près d’une cinquantaine d’accouchements par mois. Son travail dure un peu plus longtemps que prévu, mais tout se déroule normalement.

À ses côtés, Elia Gilberte, la sage-femme qui l’a suivie depuis le début de sa grossesse, veille attentivement. Elia Gilberte est nouvellement formée avec la méthode  E-MOTIVE qu’elle applique rigoureusement avec Léonie. Elle explique chaque étape du travail et demande systématiquement le consentement de la patiente avant tout geste. Elle rassure surtout la patiente quant à la prévention de l'hémorragie avec l’injection de la carbétocine.

« Depuis que nous utilisons la carbétocine, aucun cas d’hémorragie n’a été enregistré et les patientes ont beaucoup plus confiance en notre centre. Elles savent que leur accouchement sera sûr”, nous confie-t-elle.

Contrairement aux autres médicaments pour prévenir les hémorragies, ce médicament est pratique à stocker. En effet, la carbétocine ne nécessite pas une conservation en milieu réfrigéré et répond au contexte de cette partie rurale de la région où l’électricité n’est pas toujours présente.Cela change vraiment la vie quotidienne au sein du CSB2 Ambila, selon les mots du médecin-chef, le Dr Hasiniaina Rakotoarinaivo. 

Lorsque vient le moment d’administrer la carbétocine pour prévenir l’hémorragie post-partum, la sage-femme Elia prend le temps d’expliquer son rôle préventif et son utilité. Quelques minutes plus tard, le bébé naît en bonne santé, et la mère se sent soutenue et en sécurité.

Du côté de la maternité du centre hospitalier de Manakara, la sage-femme Marie-Luc accompagne Zoary, une jeune femme primipare. Le travail se déroule sans difficulté, et c’est au moment de la délivrance du placenta que la formation montre tout son impact. 

« J’ai expliqué chaque geste à la mère, je l’ai guidée pour éviter toute complication. Grâce à ce que j’ai appris avec E-MOTIVE, elle a accouché en toute sécurité. Cela me donne confiance pour anticiper les risques à chaque accouchement. »

Toujours grâce à l’administration correcte de la carbetocine, elle nous explique qu’elle a constaté au niveau de ses patientes, un décollement plus facile du placenta, réduisant ainsi le risque d’hémorragie suite à l’accouchement.

Quelques kilomètres plus loin, au CSB Urbain de Maroalakely, Sylvie, sage-femme major et seule formée à la méthode E-MOTIVE dans son centre, constate les bénéfices de la formation sur l’ensemble de son équipe.

« Depuis ma formation, la prévention est meilleure, et la carbetocine est vraiment un produit “sauveur", et tous les gestes effectués sont minutieux. Mais je ne garde pas ce savoir pour moi : j’accompagne tous mes collègues pour que chaque naissance se passe en sécurité. »

La Formation essentielle pour les Sages-Femmes

Depuis la pratique de cette méthode et de ces produits innovants, aucun cas d’hémorragie post-partum n’a été enregistré nous affirme la sage-femme Sylvie du CSBU. Ces témoignages illustrent parfaitement l’objectif de la formation E-MOTIVE, dans le cadre du projet Safe Birth Africa, financé par l’Union Européenne, mise en œuvre par le Ministère de la Santé Publique et UNFPA. 

A travers cette formation, conduite depuis Novembre 2024, les sages-femmes sont désormais équipées pour détecter et gérer rapidement les signes d’alerte, intervenir efficacement et prévenir les complications. Et ses effets se font sentir dans tous les centres formés.

La formation et la pratique de l’E-MOTIVE ont renforcé leur confiance et leur travail, leur donnant les outils pour mieux accompagner chaque mère avec sérénité. Soutenir et former ces femmes, en première ligne pour la santé des mères et des familles, est essentiel : chaque geste appris, chaque explication donnée et chaque intervention rapide matérialise l’espoir en vie, pour les patientes et pour toute la communauté.