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“Je suis fier de ce que je suis devenu” - Thomas, membre du Groupe d’hommes sensibles au genre, lutte contre les pratiques néfastes à Sakaraha, Madagascar

“Je suis fier de ce que je suis devenu” - Thomas, membre du Groupe d’hommes sensibles au genre, lutte contre les pratiques néfastes à Sakaraha, Madagascar

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“Je suis fier de ce que je suis devenu” - Thomas, membre du Groupe d’hommes sensibles au genre, lutte contre les pratiques néfastes à Sakaraha, Madagascar

calendar_today 02 Août 2022

Sensibilisation par le Groupe d'hommes au sein de la communauté à Sakaraha
Sensibilisation par le Groupe d'hommes au sein de la communauté rurale à Sakaraha

A Madagascar, 40 % des femmes de 20 à 49 ans sont mariées avant l'âge de 18 ans. Pour la région de l’Atsimo Andrefana particulièrement, 58% des femmes entre 20 et 49 ans sont en union ou ont été mariées avant l’âge de 18 ans (MICS 2018). Ceci résulte particulièrement des pratiques traditionnelles qui encouragent le mariage des jeunes filles. Ce phénomène est d’autant plus exacerbé par le marché du Saphir notamment pour la zone de Sakaraha. Selon les membres du Groupe d’hommes sensibles au genre dans cette localité, sous le couvert des pratiques traditionnelles, les jeunes filles sont mariées aux exploitants de cette pierre précieuse pour échapper à la pauvreté.

 

Des efforts en matière d’information et de sensibilisation sont menés au niveau de la communauté. Comme la tradition y est encore suivie, certains notables et leaders traditionnels convaincus de leur influence se sont regroupés au sein de “Groupe d’hommes sensibles au genre” afin de sensibiliser leur communauté pour l’abandon de ces pratiques néfastes. Nous avons rencontré Thomas, 68 ans, notable de la ville de Sakaraha, un de ces hommes sensibles au genre depuis 2017. Il nous partage son parcours.

 


L’équipe du Centre d’Écoute et de Conseil Juridique de Sakaraha a organisé une séance de sensibilisation dans notre quartier en 2017, j’étais là mais j’ai pensé que c’était une pratique étrangère non-applicable dans notre région.

Ensuite, des membres des groupes d’hommes composés de 5 personnes (notables, leaders traditionnels, jeune homme) nous ont réunis pour nous informer et mener des dialogues avec nous, les leaders et notables, de la communauté sur la prévention et lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) et les pratiques néfastes. Après plusieurs débats, ils ont réussi à me convaincre.

 

Deux semaines plus tard, je me suis rapproché des membres de ce groupe d’hommes et leur ai demandé de m’informer davantage sur les VBG, c’est à ce moment que je me suis engagé à devenir membre du Groupe d’hommes. J’ai d’abord sensibilisé ma famille, mes proches et ensuite la communauté à laquelle j’appartiens.

 

Avec les autres membres du Groupe d’hommes et l’équipe de la Direction Régionale de la Population, nous avons bénéficié de kits de sensibilisation. Nous avons réalisé des séances de sensibilisation communautaires durant les réunions des « Fokontany » (villages), des séances de sensibilisation des hommes durant les jours de marché, des dialogues communautaires avec les leaders traditionnels de chacun des 12 fokontany des 3 communes de Sakaraha, des discussions de groupes avec les femmes et les hommes dans nos communautés.

 

Nous continuons cette lutte jusqu’à ce que ces pratiques néfastes soient réduites, voire abandonnées de nos cultures.

La mission du groupe d’hommes sensibles au genre est ardue dans la mesure où il leur revient de véhiculer le concept de l’égalité du genre qui n’est plus du tout en phase avec les pratiques traditionnelles néfastes. Il leur arrive de se faire huer par la communauté, qui relègue souvent le droit de la femme au second plan. Mais à force de persévérance et en venant avec les alliés et autres personnes influentes de la communauté, ils arrivent à se faire entendre.

 

Je suis fier de ce que je suis devenu, et je constate qu’après les séances de sensibilisation que nous menons, les communautés commencent à avoir des changements de comportement vis-à-vis des VBG et du mariage d’enfants qui est le plus pratiqué dans notre ethnie selon notre tradition. Nous continuons cette lutte jusqu’à ce que ces pratiques néfastes soient réduites, voire abandonnées de nos cultures.”

 

D’après le groupe auquel appartient Thomas, leur communauté commence à s’approprier des changements comme le droit à la prise de parole de la femme ou le droit à l’héritage pour les femmes.

 

Impliquer les groupes d’hommes sensibles au genre est une bonne pratique afin de mieux informer et convaincre la communauté et leurs pairs. A cet effet, ils ont bénéficié de renforcement de capacité et de kits de sensibilisation. A Madagascar, UNFPA, en partenariat avec le Ministère de la Population, de la Protection Sociale, de la Promotion de la Femme ; le Royaume de Norvège et le réseau Men Engage, soutient cette stratégie afin de lutter contre les normes sociales néfastes et ainsi, contribuer à l’élimination des violences basées sur le genre dont les mariages d’enfants d’ici 2030.