Rasoamanarivo Anastasie vit à Sahavato, une commune rurale reculée du District de Nosy Varika dans la région Vatovavy dans le Sud-Est de Madagascar.
Cela fait une semaine que Anastasie est admise au Pavillon Sainte Fleur à Antananarivo, la capitale, pour bénéficier d’une chirurgie réparatrice gratuite pour la fistule obstétricale.
A 35 ans, elle a dû vivre ces 15 dernières années dans la douleur et la souffrance, ayant été victime d'une fistule obstétricale à l'âge de 20 ans.
“Vivre avec la fistule pendant toutes ces années était difficile surtout avec les voisins ; certains m’insultaient, beaucoup de personnes m’évitaient. Heureusement, j’ai ma famille, mon mari, mes frères et sœurs qui sont de véritables soutiens” confie Anastasie.
Partie de Sahavato pour se faire soigner dans la capitale, Anastasie et son mari ont dû laisser leur fille de deux ans et demi avec leur famille. Le voyage de 4 jours comprenant notamment 7 heures de marche, un voyage en bateau d’une journée et un trajet en voiture de 23 heures, met en évidence les difficultés rencontrées par les habitants de cette communauté, en particulier les femmes lors de l'accouchement, pour accéder aux soins de santé d'urgence.
“Lors de mon premier accouchement il y a 15 ans, j’ai dû passer plus de 24 heures de travail au centre de santé. Il n’y avait pas d’hôpital à proximité et nous n’avons pas eu de moyen de transport pour atteindre rapidement l’hôpital le plus proche. J’aurais dû être opérée comme pour ma deuxième grossesse. Trois heures après la sortie forcée du bébé par la sage-femme, j’ai commencé à ne plus pouvoir retenir mon urine.”
Toutefois, Anastasie est heureuse de pouvoir parler de ce sujet dans le passé, surtout après avoir été opérée avec succès. “Je suis bien contente que l’opération de réparation s’est bien passée, je n’ai plus de fuite maintenant … après 15 ans de souffrance”.
“Je n’aurai plus besoin de mettre les couches, je ne sentirai plus mauvais, c’est vraiment une grande victoire”
Confiante en sa guérison, Anastasie compte les jours pour retourner chez elle, retrouver sa fille et poursuivre son activité de culture de riz avec la dignité retrouvée. “Je n’aurai plus besoin de mettre les couches, je ne sentirai plus mauvais, c’est vraiment une grande victoire” elle ajoute.
Anastasie fait partie des 25 femmes réparées de la fistule obstétricale pendant le mois de mai 2023 grâce à la collaboration entre UNFPA, le Royaume de la Norvège, le Ministère de la Santé Publique et l’Ordre de Malte.
À Madagascar, on estime que le nombre annuel de nouveaux cas de fistule obstétricale est plus de 4 000, se rajoutant aux 50 000 cas déjà répertoriés. Au niveau global, un demi-million de femmes et de filles vivent avec cette lésion en Afrique subsaharienne, en Asie, dans les États arabes ainsi qu’en Amérique latine et aux Caraïbes, et de nouveaux cas surviennent chaque année (1) .
(1) UNFPA (https://www.unfpa.org/fr/fistule)