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Tuléar, Madagascar (23° 21' 0" S 43° 40' 0.001" E) - Les violences basées sur le genre (VBG) demeurent un problème majeur dans la société malagasy. À Madagascar, une femme sur trois subit au moins une forme de violences au cours de sa vie. Ce phénomène est très répandu dans la partie Sud de l’île rendant les femmes et les filles plus vulnérables. 

 

L’appel éclair révisé de Juin 2022 du Système des Nations Unies montrait une proportion de victimes de VBG de 92% pour les femmes contre 8% pour les hommes dans la partie Sud et Sud-Est de Madagascar. Parmi ces femmes, on retrouve Yvelines, Jeanne et Kemba. Elles ont été victimes de violences conjugales se traduisant par des violences morales, physiques et économiques:

‘’Nous sommes des parents proches, Yvelines est ma cousine germaine. Nous habitons dans le même village. Moi, j’ai deux enfants et elle en a un, celui qui est entre ses mains. Chacune de nous s’est traditionnellement mariée deux fois et a été abandonnée deux fois par les partenaires. Les partenaires nous ont laissées toutes seules avec nos enfants, pourtant nous n’avons pas de travail. Ce sont nos mères qui prennent en charge notre nourriture et les autres besoins de nos familles’’, a dit Jeanne. 

Quant à Kemba, elle a été victime de violences morales et physiques à plusieurs reprises par son mari et dans une ville qui lui est étrangère, Sakaraha :

 "Notre histoire commençait plutôt bien, je viens de Tuléar et lui de Sakaraha. Par amour, je l’ai suivi à Sakaraha. Mon mari était attentionné et veillait au bien être de notre petite famille. Il buvait de l’alcool occasionnellement. 20 ans plus tard, tout a changé. Il était devenu alcoolique et perturbait toute notre famille. Il me battait et m’insultait sans cesse. La première fois, je me suis abstenue de réagir mais après je ne supportais plus car toute ma petite famille était dans l’angoisse et l’avenir de mes enfants était menacé. J’ai fini par le dénoncer", a raconté Madame Kemba.

À Sakaraha comme à Tuléar, des Centres d'Écoute et de Conseils Juridiques (CECJ) ont été mis en place pour accompagner les survivantes de violences basées sur le genre grâce au partenariat entre le Ministère de la Population et UNFPA. Les trois dames se sont rapprochées des CECJ afin de dénoncer leurs bourreaux, réclamer leurs droits et bénéficier de conseils et d’orientations.

‘’Le CECJ est tout près de chez nous, c’est sur le chemin vers le marché, je n’ai pas hésité à consulter le centre. Maintenant, je suis contente que mon problème soit résolu, je suis à l’abri de violences car mon mari a été expulsé du village par les forces de l’ordre et je retrouve la paix dans le foyer’’, a témoigné Kemba. 

 ‘’Nos dossiers de demande de pensions alimentaires auprès du Tribunal sont en cours de traitement, nous attendons impatiemment le résultat et espérons que cela va aboutir bientôt’’, a souligné Yvelines. 

Yvelines, Jeanne et Kemba viennent régulièrement auprès du CECJ de Tuléar et de celui de Sakaraha pour suivre les soutiens psychologiques et faire le suivi de leurs dossiers. 

Les centres travaillent en étroite collaboration avec les forces de l’ordre et la Justice dans le traitement judiciaire des cas. Ils travaillent également avec les groupes d’hommes sensibles au genre, les leaders communautaires et la Brigade Féminine de Proximité dans les campagnes de sensibilisation, de vulgarisation des lois et le signalement des cas pour que les violences basées sur le genre soient éradiquées d’ici 2030..