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Une diminution de près de 83% du nombre des utilisateurs réguliers en planification familiale fréquentant les Centres de Santé de Base est observée entre le mois de mars et le mois d’avril 2020 (Source DHIS2 Ministère de la Santé Publique). La période de pandémie du COVID-19 affecte la fréquentation des services de santé dont la Planification Familiale par peur d’aller auprès des centres de santé de base et d’y attraper le COVID-19. A cette peur s’ajoute les barrières culturelles et économique entre autres :

·  L’absence de la planification familiale dans les priorités en matière de soins et de santé au sein des familles.

·  L’interdiction de la planification familiale par certains conjoints/compagnons. La planification familiale fait partie des éléments constituant les caisses noires des femmes, des épargnes à l’insu de son compagnon ou conjoint.

 

Depuis le déconfinement partiel, 3 cliniques mobiles sillonnent les villes d’Antananarivo et de Toamasina, villes fortement touchées par le COVID-19, pour servir les femmes dans les quartiers les plus vulnérables de ces villes. Nous avons rencontré l’une d’entre elles, Hasina, 31 ans, lavandière et mère de 3 enfants dont le dernier est âgé de 5 mois. Elle n’a pas hésité à nous parler.

 

Bonjour Madame, êtes-vous une nouvelle utilisatrice de planification familiale ?

Bonjour, non, je ne suis pas une nouvelle utilisatrice, ça fait déjà deux ans que j’ai adopté les injections, j’ai arrêté avant de tomber enceinte de mon petit dernier qui est actuellement âgé de 5 mois.

Vous êtes ici donc pour faire votre injection périodique ?

Vous savez, mon mari ne veut pas et il ne sait pas que je suis venu  pour la PF. Je suis ici pour solliciter l’insertion du  DIU (Dispositif intra-utérin) car je n’aurai plus le temps de venir tous les trois mois faire des injections ; ça prend du temps.  J’ai 3 enfants et j’en suis satisfaite. En plus, mon mari refuse que j’adopte une méthode contraceptive alors qu’il est alcoolique et à chaque fois qu’il est soul, il me demande tout le temps des rapports sexuels. Comme le DIU me protège pendant 10 ans, très discret et qu’il n’y a pas besoin d’aller au centre de santé périodiquement, je le fais à son insu. Il n’a pas à le savoir et comme ça au moins je ne tombe pas enceinte et je continuerais de discuter de l’intérêt de la planification avec lui.

Pourquoi avoir attendu la clinique mobile alors pour le faire ?

Vous savez Madame, je ne peux pas aller au centre de santé même si c’est juste à côté de chez moi. Là-bas, pour les injections, il faut payer le coût du médicament qui est à 3.000 Ar et la seringue à 500 Ar même si l’acte d’injection est gratuit, pareil pour le DIU. Je n’ai pas d’argent pour ça, et il n’est pas question de demander ça à mon mari. Quand j’ai vu l’affiche comme quoi la voiture de Marie Stopes va venir dans notre quartier, c’était un grand soulagement pour moi car il fallait que j’attende ce qui est gratuit et sûr.

“Beaucoup d’utilisatrices nous ont appelé au début du confinement pour savoir comment elles vont pouvoir se procurer leurs contraceptifs.  Dès que le déconfinement partiel a été déclaré par l’Etat Malagasy, les cliniques mobiles ont pu venir auprès des clients à raison d’une fréquence de déploiement de 3 fois par semaine dans les quartiers les plus vulnérables.

Cette stratégie est efficace car elle permet de servir au moins une trentaine de personnes par jour par clinique. Elle nous permet également de limiter le nombre de jeunes femmes perdues de vue pendant cette période.“ nous a confié la sage-femme Manou (Manohisoa Lala Nirina), travaillant dans l’une des 3 cliniques mobiles.

Le partenariat réunissant UNFPA Madagascar, Wish to Action et Marie Stopes Madagascar, prend tout son sens maintenant pour servir ces utilisatrices et faire en sorte que la planification familiale arrive jusqu’au dernier kilomètre. UNFPA appuie Marie Stopes Madagascar pour offrir les services Planification Familiale de proximité aux femmes surtout celles qui habitent dans les quartiers vulnérables d’Antananarivo, et dans des zones difficiles d’accès. Cet appui se traduit par un appui financier et également un appui en matière de produits contraceptifs à hauteur de 1 066 696USD en 2019 et 1 779 165 USD en 2020