Les violences ne cessent d’augmenter pendant cette période de confinement, mesure prise pour éviter la propagation de COVID-19. Cinq fois plus de victimes sont enregistrées sur la ligne verte 813, passant de 50 victimes au cours de la semaine du 25 au 30 avril à 234 victimes au cours de la semaine du 1er au 7 juin.
« Je me sens enfin soulagée d’être en sécurité » lance Lanto, 22 ans.
Enceinte de 5 mois, Lanto crie encore chez elle à cause des coups que lui inflige son partenaire. Le couple réside à plus de 100 km du chef-lieu de la Région du Boeny. Alerté par la communauté, le point focal VBG de ce village a immédiatement envoyé la victime auprès du Centre d’Écoute et de Conseil Juridique (CECJ). Elle a bénéficié en premier lieu d'une prise en charge psychosociale et d’un soin médical approprié: médicaments, échographie et radiographie. Pour sa protection, elle est placée dans un centre d’accueil, en attente de la procédure judiciaire contre son partenaire pour coups et blessures volontaires.
Actuellement, elle est accompagnée par une assistante sociale et continue de bénéficier de soutien psychosocial avant sa réintégration sociale et professionnelle qui est en cours.
Il est à noter que dans cette région, les points focaux VBG ont été mis en place dans chaque quartier (fokontany) pour être les relais des centres d’écoute.
« J’ai hésité à le dénoncer, mais je me suis dit que ceci doit s’arrêter » a déclaré Clarisse,
Clarisse, quant à elle, vient d’une commune de la périphérie de Manakara et a osé dénoncer la violence pour que son mari change !
Elle a 37 ans, mère de deux enfants et a été victime de violence conjugale commis par son conjoint.
«Mon mari était toujours violent depuis que j’ai accouché de mon deuxième enfant il y a quelques années. Il m’agressait souvent verbalement lorsque quelque chose ne l’arrangeait pas. Mais depuis cette période de confinement, la situation s’est empirée car il est toujours nerveux. Il me crie dessus, m’insulte et me bat sans aucune raison surtout depuis qu’il a perdu son emploi. »
Clarisse décide alors de consulter le Centre d’écoute et de conseil juridique car elle n’en pouvait plus de souffrir. Elle a bénéficié de prise en charge psychologique et médicale auprès du centre hospitalier. Elle n’a pas voulu porter plainte contre son mari car elle était consciente que c’est une dépression à cause de la dégradation de la situation financière. L’intervenant social du centre a donc interpellé le mari et il a bénéficié d’un accompagnement psychologique. Ils suivent actuellement une thérapie de couple par semaine.
« La thérapie est très utile car cela nous apprend à mieux nous comprendre. Je suis tellement soulagée car il est redevenu lui-même comme au début, et je tiens à encourager toutes les femmes qui se taisent encore face aux violences à oser les dénoncer et bénéficier de l’assistance. » a confié Clarisse.
Le soutien aux femmes victimes de violence entre dans le cadre du projet intégré « Zéro décès maternel », en réponse à COVID-19, appuyé par UNFPA Madagascar.
Ce projet intégré est réalisé avec l’appui du Royaume de Norvège et du peuple Japonais et en partenariat avec les ministères de la population, sécurité publique et l’association FITIA présidée par Mme Mialy Rajoelina, Première Dame de Madagascar et Championne de la lutte contre les violences basées sur le genre à Madagascar.