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« Depuis mon arrivée ici je suis ‘débordée’ parce que je suis seule au poste, mais malgré ça j’aime mon travail et je suis fière d’être sage-femme. »

Elysa RASOAVINJANAHARY est une sage-femme au Centre de Santé de Base II de Beroy dans la région Atsimo Andrefana. Elle y travaille depuis 2016 et chaque jour a sa particularité, une réalité à laquelle elle s'est habituée. « Ce matin je faisais la vaccination lorsqu’une femme à terme et qui était déjà sur le point d’accoucher a été conduite ici au centre de santé et j'ai dû arrêter ce que je faisais pour m'occuper d'elle en urgence. Le bébé est né asphyxié, et je devais le réanimer. La réanimation a pris un peu de temps. Quand l’accouchement est terminé, j’ai repris la vaccination et les autres activités régulières du centre de santé. Je suis contente parce que le bébé a survécu, la mère et le bébé sont en bonne santé ».

Les sages-femmes comme Elysa sauvent chaque année la vie des femmes et celle des nouveaux nés dans la Grande Ile. A Madagascar, le taux de décès liés à la grossesse et à l’accouchement est très élevé, avec une moyenne de 10 femmes et jeunes filles qui perdent la vie chaque jour dues à ces complications. Le niveau élevé de mortalité maternelle est dû à l’insuffisance et à la faible utilisation de l’offre de services intégrés de santé reproductive de qualité. Afin de remédier à ce problème et de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle, l'UNFPA a appuyé le ministère de la santé publique à recruter des sages-femmes contractuelles pour travailler dans les zones reculées où la mortalité maternelle est plus élevée. Depuis 2018, 132 sages-femmes ont été recrutées dans sept régions à savoir Atsimo Andrefana, Androy, Vatovavy Fitovinany, Analamanga, Atsinanana, Alaotra Mangoro et Haute Matsiatra. Parmi les 132, soixante-dix sages-femmes ont été intégrées dans la fonction publique suite à leur bonne performance.

Les sages-femmes sont également essentielles pour garantir l'accès universel à la planification familiale volontaire. La planification familiale offre plusieurs avantages, notamment l'amélioration de la santé maternelle et de la survie de l'enfant et la promotion du développement social et économique des familles et des communautés.

Dans le centre de santé où Elysa travaille, le service de Planification Familiale (PF) est ouvert du lundi à vendredi et accessible pour les femmes en âge de procréer. « Mais c’est difficile de convaincre les femmes pour faire la PF surtout d’adopter les méthodes de longue durée comme l’implanon et le dispositif intra-utérin (DIU). Je dois consacrer mon temps pour faire la sensibilisation et le counseling des femmes venues au Centre de Santé de Base pour la planification familiale ; et de lutter contre les fausses rumeurs. »

Elle admet que ce n’est pas facile de changer le comportement des individus.  « Souvent j’ai été face à certaines femmes difficiles à convaincre, mais je n’ai jamais baissé les bras, parce que la satisfaction des femmes en Planification Familiale est l’une de ma mission en tant que sage-femme. » C'est pour cette nature "parfois difficile" de leur travail que la présidente de l'Ordre National des sages-femmes, Mme Omega RANOROLALA, estime que le corps a besoin de plus de formation. « Soutenons les sages-femmes pour qu’elles puissent améliorer leurs compétences et savoir-faire »

Elysa souhaite que des sages-femmes soient davantage déployées dans son lieu d’affectation et dans d’autres centres de santé.

Nous sommes les premiers responsables de la diminution du taux de mortalité chez la femme et l’enfant à l’accouchement.

« Nous sommes les premiers responsables de la diminution du taux de mortalité chez la femme et l’enfant à l’accouchement. Premier responsable car c’est facile pour la population d’approcher les sages-femmes », indique la présidente de l’Association des Sages-Femmes, Mme Voahangy RAMAHAVONJY, qui comprend parfaitement le travail important de ses pairs.

Alors que l’OMS recommande une sage-femme pour 5,000 habitants, à l’échelle nationale à Madagascar, le ratio est d’une sage-femme pour 16,000 habitants, ce qui montre bien le gap en personnel qualifié pour fournir les soins adéquats aux femmes enceintes.

Pour le Représentant Résident de l’UNFPA, Koffi KOUAME « les chiffres parlent d’eux-mêmes, les besoins sont multiples et, avec des efforts concertés, nous pouvons mieux investir dans les sages-femmes, dans leur formation. Nous devons leur offrir un environnement favorable pour qu'elles puissent faire leur travail et continuer à sauver des vies. »