ATSIMO-ANDREFANA, Madagascar - Angèle Rasoanirina se tient au chevet d’une nouvelle mère à la maternité du Centre Hospitalier Universitaire (CHU), Mitsinjo Betanimena à Tuléar, dans le Sud de Madagascar. La femme est venue pour un accouchement à 8 heures 40 minutes, qui s’est bien passé, donnant naissance à un petit garçon, quatre heures plus tard.
En regardant le petit bébé dormir paisiblement, Angèle se réjouit de voir une autre fin heureuse, une mère qui rentrera chez elle, heureuse, avec un bébé en bonne santé. Du haut de ses 27 ans, la jeune dame travaille en tant que sage-femme dans cet hôpital depuis 2021.
« Devenir sage-femme a toujours été mon rêve. Attirée par la beauté de l'accouchement et le sentiment de sauver des vies, je suis profondément convaincue de l'importance de mon métier, car chaque vie compte et mérite d'être préservée. Voir une mère et son enfant en bonne santé après un accouchement est incomparable », confie-t-elle.
Elle a été embauchée comme sage-femme contractuelle dans le cadre d'un programme financé par l'UNFPA et le Ministère de la Santé Publique juste après un an de volontariat dans le même hôpital. Si ce recrutement représente une opportunité bien plus qu'un simple emploi pour mettre en pratique ses compétences Angèle, ajoute que c'est une mission pour elle, celle de sauver des vies.
Les défis liés à la santé maternelle dans la Région Atsimo Andrefana
Dans la région d'Atsimo Andrefana, dont la capitale Tuléar est communément appelée, “la ville du soleil”, les défis en matière de santé maternelle et reproductive demeurent . Le nombre d'enfants par femme est élevé, avec 5,6 enfants en moyenne (EDSV). Le ratio de mortalité maternelle est élevé , atteignant 638 décès maternels sur 100 000 naissances vivantes , soit 1,4 femmes par jour y meurent en accouchant. De plus, seulement 26% des accouchements ont lieu dans des établissements de santé, contre 39% au niveau national.
De plus, la région fait également face à des défis importants en matière d'accès à des services de santé maternelle et néonatale de qualité. Les ressources sont parfois limitées rendant difficile le travail du personnel médical et pouvant affecter la qualité des soins.
Face à cette situation, l'UNFPA et ses partenaires organisent des formations ponctuelles sur les soins maternels et néonatals afin d'améliorer la qualité des soins de santé. En juin 2023, Angèle a bénéficié de l’une de ces formations sur les soins obstétricaux d'urgence.
“Cette formation m'a réellement été bénéfique. En situation d'urgence, je me sens désormais plus confiante. Je suis capable d'utiliser les outils nécessaires à mon travail, de manière autonome, ce qui me permet d'être efficace et indépendante dans la réalisation de mes tâches” partage-t-elle.
Créer un monde où chaque femme bénéficie de soins maternels dignes et équitables:
“J'ai réalisé que le soutien est crucial. Que ce soit un regard réconfortant, une main tendue ou des conseils pratiques, chaque geste compte. Je crois fermement que chaque femme mérite d'être entourée et soutenue tout au long de son parcours de maternité, et je m'efforce de fournir cet appui à chacune de mes patientes”.
L'impact du travail d'Angèle va bien au-delà des murs de l'hôpital. En tant que sage-femme, elle a eu l'opportunité de sauver de manière autonome dix accouchements délicats, offrant ainsi un nouvel espoir à ces familles et renforçant sa confiance en elle. Son dévouement va bien au-delà des soins médicaux, car elle aspire à créer un monde où chaque femme, peu importe sa situation socio-économique, bénéficie de soins maternels dignes et équitables.
Des héros comme Angèle sont essentiels pour le travail de l'UNFPA, en fournissant des soins maternels essentiels, de l'éducation et du soutien, améliorant ainsi la santé des mères et des bébés.
A Madagascar, UNFPA soutient 7 écoles de sages-femmes depuis 2018 afin d’assurer une formation de qualité pour ces personnels qui garantissent qu’aucune femme ne meure en donnant la vie. A ce jour, 1 186 sages-femmes y ont été formées avec l’appui de l’UNFPA. Malgré cela, le nombre de sages-femmes demeure insuffisant. Dans le monde, il manque environ 900 000 sages-femmes. L'OMS recommande 1 sage-femme pour 5 000 habitants, mais à Madagascar, c’est 1 sage-femme pour 16 000 habitants. Plus d’investissements dans ce secteur permettront de sauver 4,3 millions de vies par an. Et ces investissements sont non seulement vitaux mais urgents.