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J’ai eu la fistule obstétricale depuis l'âge de 9 ans”.

C’est avec cette phrase que Hanitriniaina Soa Lalaina, âgée de 20 ans, commence à raconter son histoire. L’origine de sa fistule obstétricale lui est inconnue. Des différentes versions des faits reçues de sa mère et de sa famille, la fistule aurait été provoquée par une chute ou par un traitement contre la tuberculose. Cependant, les examens médicaux avant son opération de réparation de la fistule indiquent les séquelles d’un viol.

 

Hanitra habite à Andramasina, commune rurale non loin d’Antananarivo, la capitale. Élève brillante, elle a dû arrêter l’école en classe de 6ème à cause de cette maladie. Comme les autres victimes de la fistule obstétricale, elle a subi le harcèlement, l’isolement, la stigmatisation et la discrimination de la part des autres élèves et des autres membres de sa communauté. Ses seuls remparts étaient les membres de sa famille.

 

Depuis l’âge de 9 ans, Hanitra s’occupait en accompagnant sa mère à la ferme. Sa mère l’a élevé toute seule, avec ses 5 autres frères et sœurs. N’ayant ni télé ni radio pour pouvoir s’informer, la mère de famille était privée d’information et des possibilités de se renseigner sur les campagnes de réparation de la fistule pour sa fille.  Leur situation étant précaire, elle explique que les besoins en matière de santé, sont relégués au second plan.

 

Ce n’est qu’en avril  2023 qu’elles ont pris finalement la décision de consulter un médecin suite à ce que Hanitra entendait parler par d’autres femmes qu’elles fréquentaient et qui témoignaient que ce sont les femmes ayant déjà eu des accouchements qui sont les plus souvent victimes de la fistule obstétricale.

 

Le médecin du centre de santé de leur village les a informés de la tenue de la campagne de réparation au Pavillon Sainte Fleur d’Antananarivo. Hanitra a pu bénéficier de cette réparation gratuite au mois de mai 2023.

 

Me marier et avoir des enfants ? C’est vraiment pour plus tard

 


Hanitra soutenue par sa mère lors 
de sa réparation
​​​(UNFPA Madagascar/ Joela Randretsamalala)

Parlant de ses perspectives d'avenir, Hanitra explique qu'elle a l'intention de faire du commerce avec sa sœur dans les villes voisines d'Antananarivo. “Pour l’instant, je souhaite faire du commerce avec ma sœur pour avoir de l’argent. Je n’ai pas d’autres objectifs en vue. Me marier et avoir des enfants ? C’est vraiment pour plus tard !” déclare-t-elle.

 

La fistule obstétricale touche principalement les femmes et les filles les plus pauvres et les plus marginalisées, en particulier celles pour qui les services ne sont ni accessibles ni abordables. Grâce au partenariat entre le Ministère de la Santé Publique, UNFPA, le Royaume de la Norvège et l’Ordre de Malte, Madagascar arrive à opérer entre 1.000 et 1.500 femmes par an. Néanmoins, cela demeure insuffisant face à l’ampleur de 4.000 nouveaux cas en moyenne par an dans le pays.