Le district de Marovoay, l’un des greniers à riz de Madagascar, se trouve dans le Nord-Ouest du pays. Frappé de plein fouet par le cyclone Cheneso, le chaos laissé par l’inondation peine à partir et la majorité des rizières se retrouve sous l’eau. Ce cyclone a fait plus de 15 000 sinistrés dont plus de la moitié (9, 000 sinistrés) se sont déplacés dans les sites d’hébergement provisoires pour se mettre en sécurité. Parmi eux, l’on recense plus d’une centaine de femmes enceintes et allaitantes à qui des kits de dignité ou des kits d’accouchement individuels ont été distribués.
Leurs traits tirés mais armées de courage, Safidy, Tiana, Evelyne, et Frédine nous partagent comment elles ont fait face à cette inondation et comment elles envisagent les prochains mois.
Safidy, 18 ans, enceinte de 8 mois se confie, « Je viens de Diego Kely, un quartier à 3 km de ce site. La pluie est tombée pendant plus d’une semaine, c’est ce qui a causé l’inondation. L’eau est très vite montée dans notre maison. Heureusement que j’avais ma mère, et mes sœurs avec moi. Vers 22 heures, nous étions toutes sorties, avec les maigres affaires que nous avons pu emmener, nous avons couru vers ce site d’hébergement. La plupart de nos affaires a été emportée par l’eau et ce kit que je viens de recevoir va nous aider à rebondir et à mieux préparer l’arrivée de notre bébé"
« Comment j’imagine le futur et l’accouchement ? Je remets tout entre les mains de Dieu mais une chose est sûre, je vais accoucher au centre de santé du village, je ne veux pas mettre la vie de ce bébé en danger. »
Dans l’École Primaire Sainte Edith Stein, devenue site d’hébergement lors du passage du cyclone CHENESO, se trouvent Tiana et Evelyne. Elles sont voisines, toutes les deux avec un enfant de 1 mois chacune. Elles ont dû abandonner leurs habitations quand l’eau a subitement monté.
« Il était 4 heures du matin, et nous avons entendu que l’eau commençait à entrer dans la maison. Notre habitation est faite de terre et une partie commençait à se détacher. Tout de suite, nous avons pris
nos enfants et des marmites pour courir vers ce centre d’hébergement. Maintenant c’est tout ce qu’il nous reste. Même la maison a cédé. Il nous faut reconstruire, acheter de nouveau les nécessaires pour notre foyer. »
Cultivatrices de riz dans les plaines de Marovoay, elles doivent recommencer à semer car toute leur culture a été inondée. En attendant la récolte, elles vendent des vêtements de seconde main pour pouvoir trouver un peu de revenu pour subvenir à leur besoin et pour reconstruire leurs maisons.
« De toute les façons, nous n’avons pas le choix et devons mettre nos enfants à l’abri. Nous devons leur assurer aussi de quoi se nourrir. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras même si le travail se fait rare à cause de cette inondation. Ces cuvettes et ce que vous venez de nous donner vont nous permettre d’aller de l’avant. Au moins, nous n’allons plus acheter ce qu’il y a dans ce sac. Maintenir notre hygiène, y compris celle de nos enfants, est vitale même si c’est difficile pendant cette période et nous vous remercions d’avoir pensé à nous. »
Frédine, 20 ans, quant à elle, attend aussi son premier enfant. Elle est hébergée dans l’École Primaire Publique de Marovoay Centre.
« Nous nous sommes déjà préparées bien avant que le danger ne s'approche de nous. Et dès que nous avions su que l’eau allait monter, nous avons pris la barque et nous sommes parties avec ma mère. Je suis partie avec les affaires du bébé car on ne sait jamais. Heureusement que nous sommes parties à temps. Quelques heures après notre départ, l’eau est montée tellement haut qu’on n’arrivait plus à voir que le toit de notre maison. Elle est complètement détruite maintenant » ; nous confie Frédine avec un sourire résigné.
« Néanmoins, je suis prête pour l’accouchement, les affaires pour accueillir mon bébé sont aussi prêtes. Et vous m’avez également offert ce kit. Bien que mes affaires soient parties avec l’eau, j’ai déjà de quoi prendre soin de moi avec le contenu de ce kit. Je vais bien les garder. Dans une semaine je vais revenir au centre de santé pour ma prochaine consultation prénatale, j’espère que tout ira bien, et pour mon accouchement j’ai choisi de le faire dans le même centre de santé. En attendant, nous allons essayer de reprendre une vie normale. Moi et ma mère allons chercher des semences de riz pour remplacer la culture détruite par l’eau.»
Malgré leur jeune âge, la force et la maturité de ces jeunes femmes transparaissent dans leur comportement. Déterminées à aller de l’avant et à subvenir aux besoins de leurs familles respectives. Pour celles qui sont enceintes, elles souhaitent accoucher dans les meilleures conditions possibles.
Pendant les périodes d’urgence humanitaire, le bien-être et les besoins de base des femmes et des jeunes filles, en particulier les femmes enceintes et allaitantes, doivent être considérées. Suite au passage du cyclone Cheneso, plus de 900 kits de dignité et kits individuels d’accouchement ont été distribués dans les régions de Boeny et Sofia dans le Nord-Ouest de Madagascar. Les kits de dignité contiennent du savon, une brosse à dent, de la pâte dentifrice, des culottes, un pagne, un peigne, une lampe torche à manivelle, des serviettes hygiéniques, une cuvette et un sceau.
Les kits individuels d’accouchement contiennent un sac en plastique pour le placenta, une alèse en plastique, un pain de savon, un fil à cordon ombilical, du tissu en gaze, une paire de gants d’examen jetable et une lame de rasoir et du matériel pour les accoucheuses. Ces kits permettent aux femmes de reprendre une vie normale, d’accueillir et de prendre soin de leurs bébés dans la dignité.