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Violée par le frère de son mari et condamnée à porter la culpabilité et la honte de l’acte, Nirina Alphonsine, a vu son foyer s'effondrer en 2020. Abandonnée par son mari et belle-famille, et contrainte d'élever seule ses deux enfants, elle a pu trouver du réconfort et un soutien auprès du Centre d’Écoute et de Conseils Juridiques (CECJ) de Majunga. Grace à l’accompagnement du Centre, la maman de 39 ans mène aujourd’hui une nouvelle vie.

 

Nirina Alphonsine, la force d’une femme déterminée à aller de l’avant.

 

En 2021, accompagnée par le CECJ, elle a été invitée à participer à un programme de formation en activités génératrices de revenu, qui comprenait 4 cours optionnels : Coupe et couture, Pâtisserie et Cuisine, Commerce, Élevage porcin. Ces programmes de formation professionnelle sont organisés par l'UNFPA avec ses partenaires dont le Ministère de la Population et l’ONG FISA, dans ses différentes régions d'intervention et ciblent les femmes vulnérables qui bénéficient d'une formation gratuite pour lancer des activités génératrices de revenus. Ayant bénéficié de la formation, avec les ressources limitées dont elle disposait et les fonds de démarrage qu’elle a reçus à l’issue de la formation, Alphonsine a ouvert une petite gargote pour subvenir à ses besoins et scolariser ses enfants à l'école primaire publique.

 

‘’ J'ai choisi le commerce car j’étais déjà familiarisée avec ce domaine. J'ai pu améliorer mon commerce avec d'autres articles grâce au financement qui m'a été alloué après la formation. Jusqu'à présent, mon commerce marche très bien et mes conditions de vie se sont améliorées. »

 

Après une année d'activité, elle constate que les investissements ont porté leurs fruits. Plus épanouie que jamais, Alphonsine raconte avec fierté son évolution :

 

« Maintenant, mes enfants mangent à leur faim, ils vont à l’école privée et nous avons un toit. Je gère mieux mes bénéfices et j’investis dans l’amélioration de mes matériels. Actuellement, je suis en négociation pour l’achat d’un nouvel emplacement commercial à côté du marché municipal pour avoir plus de clients. »

 

Alphonsine se souvient encore du jour où elle a été renvoyée de chez elle avec ses enfants, « Violée, humiliée et accusée d’avoir séduit mon beau-frère, toute ma belle-famille m’a tourné le dos et une bonne partie de ma famille également ». Depuis, elle a engagé la procédure de divorce qui est encore en cours. Dans sa culture, le divorce signifie non seulement couper tout lien avec sa belle-famille mais également déshonorer volontairement sa propre famille. Sans amertume, elle souligne l’importance capitale du soutien qu’elle a reçu auprès du CECJ de Majunga qui a constitué la pièce angulaire pour son rebond. A part la formation en petit commerce, le Centre lui a effectivement fourni des fonds de démarrage, un soutien psychologique et les conseils juridiques nécessaires pour qu’elle puisse aller de l’avant et jouir de ses droits.

Osez trouver de l’aide quand vous en avez besoin, ne restez pas dans les situations où votre dignité est piétinée.

« Élever toute seule mes enfants n’est pas facile. Bien sûr je suis déterminée à ce qu’ils puissent poursuivre et finir leurs études et pour qu’ils soient heureux, et je fais tous les efforts pour cela. Le soutien, l’écoute et l’accompagnement que je reçois du centre me donnent vraiment la force d’avancer. Je ne connais pas les démarches administratives pour les pensions alimentaires et la responsabilisation du père mais les intervenants sociaux du centre m’aident beaucoup ».

 

Alphonsine fait partie de ces femmes qui donnent le meilleur d’elles-mêmes pour réaliser leurs ambitions. En attendant que les négociations pour sa nouvelle gargote aboutissent, Alphonsine pour mieux fidéliser ses clients, diversifie ses produits, allant des beignets de riz aux pains perdus, aux soupes et aux salades composées.

 

Son message aux femmes victimes de violence basées sur le genre, c’est « Osez trouver de l’aide quand vous en avez besoin, ne restez pas dans les situations où votre dignité est piétinée. Il y a des structures qui peuvent vous accompagner et vous soutenir. C’est ce que j’ai fait, ce n’était pas facile, mais cela en valait la peine’’. Actuellement à Madagascar, 35% de femmes subissent des violences, soit plus de 3 millions. Fort du partenariat établi entre UNFPA, le Gouvernement, la société civile et le peuple japonais, des milliers de femmes comme Alphonsine peuvent retrouver leur dignité et jouir de leurs droits grâce aux services offerts par les centres d’écoute et de conseils juridiques.