L’UNFPA Madagascar a lancé du 25 avril au 27 mai 2020 une enquête de perception pour déterminer les impacts de la pandémie de COVID-19 sur la situation des jeunes. Cette recherche à caractère qualitatif avait pour objectifs (i) d’évaluer la perception, les connaissances et attitudes et pratiques globales des jeunes et adolescents face à la COVID-19; (ii) d’évaluer les impacts de la COVID-19, les changements au niveau des jeunes et les mesures qu’ils ont prises ; (iii) de déterminer les besoins des jeunes en matière de planification familiale, formation, emploi face à cette pandémie ; et (iv) de suggérer des pistes de solution sous forme de recommandations pour améliorer la situation des jeunes et adolescents face à cette pandémie. La population cible de l’étude est constituée des jeunes âgés de 15 à 35 ans qui ont accès à l’Internet. La collecte de données s’est faite en ligne avec le formulaire Google à l’aide d’un questionnaire à réponses uniques ou multiples, et des questions ouvertes. 127 jeunes ont répondu à l’enquête ; les données recueillies ont été traitées sur Excel et SPSS.
Résultats clés de l’enquête :
a) Profil des répondantes
La majorité des jeunes répondants sont âgés de 20 à 24 ans (31%). Quarante pour cent des jeunes viennent de la région d’Analamanga suivi de de la région d’Atsimo Andrefana (31%). Les deux tiers des répondants sont des jeunes femmes (67%) contre 33% de jeunes hommes. Environ 68,5% des jeunes sont célibataires. Les filles mères sont également représentées (8,7%). Concernant l’occupation, 44, 9% sont des étudiants. Un peu plus de la moitié des répondants (56,7%) sont des membres des associations de jeunesse ou réseaux des jeunes ou même des fédérations de jeunesse.
b) Sources d’information et connaissances et pratiques face à la COVID-19
D’une manière générale, l’Internet à travers les réseaux sociaux et la télévision en tenant compte de manière relative les spots TV et les émissions spéciales constituent les canaux de communication préférés par les jeunes répondants dont la majorité réside dans la région Analamanga.
Par rapport aux sujets d’intérêt, l’enquête met en exergue une attention sur les sujets de santé. En effet, 90% en ont exprimé, et ceci durant et après l’épidémie. Cependant, plus de la moitié des répondants ont manifesté des besoins en information sur la prévention contre la maladie et la formation dont les taux sont respectivement de 56,7% et 52%.
Plus de la moitié des jeunes répondants (52%) ont déclaré qu’ils sont suffisamment informés par rapport à la pandémie de COVID-19. Les sources d’information les plus citées sont la télévision, les réseaux sociaux, l’Internet.
La majeure partie des jeunes répondants est capable d’identifier au moins un mode de transmission de la COVID-19 avec 99,2%. Les informations de bases sur la COVID-19 sont connues des jeunes et que leur perception du risque est élevée avec un taux de 89,8%. Pour limiter la propagation de la maladie, le lavage fréquent de la main avec du savon ou solution hydroalcoolique et la distanciation sociale sont des gestes barrières connus par tous les répondants et plus pratiqué.
La majorité des jeunes (42,8%) a mené des activités de sensibilisation sur la COVID-19 à travers les réseaux sociaux et aussi auprès de leurs familles respectives à cause du confinement qui les empêche à faire des descentes sur le terrain. Environ 63,9% des répondants, membres d’associations ont affirmé qu’ils ont contribué, à travers leurs associations, à la lutte contre la COVID-19.
Le manque de financements, de matériels et équipements, de compétences, et d’informations claires, constituent énormément des facteurs de blocage pour mettre en œuvre les initiatives des jeunes.
Un peu plus de 58, 3% des jeunes ont lancé de nouvelles activités pendant la période de COVID-19. Beaucoup n’ont pas eu accès à des activités de loisirs ni pu pratiquer du sport.
c) Impact de COVID-19 chez les jeunes et contributions des jeunes
Le principal problème auquel les jeunes avouent faire face depuis cette épidémie de la COVID-19 est le manque d´argent. En effet, 70,1% des jeunes répondants ont évoqué ce problème comme conséquence de COVID-19. Le manque de loisirs et/ou de divertissement et d'activités sportives constitue également un grand inconfort pour 45,7% de ces jeunes en cette période. On constate aussi l’augmentation de passivité, de problème sentimental, de relâchement et de l’irresponsabilité selon l’affirmation de quelques jeunes. Le confinement contribue aussi à l’exposition des jeunes dans le monde virtuel.
Face à cette pandémie de COVID-19, un peu plus de la moitié des adolescents et jeunes ont remarqué une certaine augmentation de comportement irresponsable chez leurs pairs. Par ailleurs, un peu moins de la moitié ont également témoigné de l'augmentation de l'insécurité dans leur communauté. Les différents problèmes cités plus haut associés à divers bouleversements au niveau de la communauté pèsent lourd sur la santé mentale des adolescents et des jeunes car 39,4% ont signalé l'augmentation de problème de santé mentale.
Pour faire face aux changements, 70,9% des jeunes proposent comme actions de sensibiliser la communauté et les pairs. Environ 65,4% affirment qu´il faudrait continuer à adopter et pratiquer des comportements sains pour être des exemples à la maison et dans la communauté et 57,5% évoquent également la nécessité de joindre ou de créer des groupes de jeunes œuvrant pour trouver des solutions à tous ces problèmes au sein des ménages et au niveau de la communauté
d) Planification familiale et utilisation de contraception
La moitié des répondants (50,4%) utilisent actuellement des méthodes modernes de contraception. Environ 19,7% adoptent les méthodes naturelles et 29,9% n’en utilisent pas.
Le préservatif est la méthode la plus utilisée par les répondants avec 73,4% des jeunes adoptant la méthode moderne. Un peu plus de 18,8% des utilisateurs des méthodes modernes déclarent avoir rencontré des problèmes par rapport à l’approvisionnement des contraceptifs depuis la pandémie. Les jeunes ont proposé comme solution pour améliorer l’approvisionnement l’importance de service de proximité, dont la mise en place de réseaux de distribution au niveau Fokontany ou endroits publics, à travers la livraison à domicile, l’offre de service avec les cliniques mobiles, ou l’ouverture en permanence des pharmacies. Vingt pour cent ont soulevé l’importance de la gratuité des produits.
e) Violences basées sur le genre
Vingt-sept pour cent des jeunes ont déclaré avoir subi une violence quelconque dont 22 jeunes femmes (62,9%) et 13 jeunes hommes (37,1%). La plupart des victimes sont dans la tranche d'âge de 20 à 29 ans et célibataires (80% ; n=28). La violence psychologique est la plus fréquente avec 65,7% des victimes. Parmi les jeunes qui ont répondu avoir été victime de violence, la majorité n’a rien fait (57%) alors que 37,5% ont appelé des amis et/ou leurs parents tandis que seulement 8% se sont approchés des centres de prise en charge et 8% ont appelé des intervenants sociaux.
f) Actions proposées et contribution des jeunes dans l'amélioration de la santé, pour la lutte contre les violences et conflits face à cette pandémie de COVID -19
Les jeunes proposent les actions comme la communication, écoute, dialogue, les échanges pour la prévention des tensions et pour s’éloigner des violences.
Une grande partie des répondants incite les jeunes à opter pour la sensibilisation, l’éducation et la formation dans les différentes thématiques pour renforcer les conditions de vie des jeunes durant cette pandémie.
g) Besoin des jeunes par rapport aux formations et emplois
La majorité des jeunes souhaitent suivre des formations sur l'entrepreneuriat et sur la santé pendant et après l’épidémie de COVID-19. On trouve également des jeunes qui veulent avoir la formation en communication, sur les aspects d’autonomisation des femmes, en gestion de projet, en développement personnel ; en cuisine et pâtisserie. La plupart des jeunes trouve que la formation en courte durée est pertinente. Concernant les méthodes de formation, la modalité présentielle reste la plus appréciée par les jeunes.
Deux tiers des répondants ont souhaité entreprendre une activité génératrice de revenu (formelle, informelle et fonctionnariat). Mais comme 44% sont encore étudiants, il y a encore certaines lacunes en termes d’orientation de projets. Les secteurs de l’agri-business, l’artisanat, tertiaire et NTICs sont les domaines qui intéressent la majorité des jeunes. Pour que les jeunes puissent entreprendre des activités, ils ont évoqué leurs besoins en formation et/ ou Conseil et accompagnement technique, en moyen, financement, local, matériels, équipements et temps, dans la facilitation de l’administration et fiscale. Certains ont évoqué l’importance de déconfinement pour reconstruire l’économie de Madagascar.