Contexte

Madagascar, caractérisé par sa position parmi les économies les plus modestes, est confronté à une urgence sanitaire amplifiée par une croissance démographique (3% l’an) exponentielle et un taux de pauvreté alarmant entraînant 77% de la population sous le seuil de pauvreté.

L’offre de soins de santé souffre d’insuffisance de couverture géographique et de continuité dans le temps pour certaines interventions, d’insuffisance de ressources, de plateaux techniques, et de la faible qualité de certains soins. En effet, en 2020, 94,8 % des districts sanitaires ne disposent pas du plateau technique adéquat pour le dépistage du cancer du col l’utérus. Presque la moitié des districts sanitaires (48,4 %) n’a pas mis en œuvre l’intervention de prévention de la grossesse précoce chez les jeunes et adolescents.

L’accès aux services de santé est particulièrement difficile pour toute une partie de la population qui habite dans des zones enclavées. En effet, seuls 40 % de la population habitent à plus de 5 km d’un CSB, et 20 % de ses zones sont très enclavées alors que la population ne dispose pas de moyens de transports adéquats. Seuls 53,5 % des formations sanitaires publiques sont accessibles toute l’année en partant du chef-lieu de district. Cette situation est exacerbée par la récurrence des crises humanitaires (cyclones, pluies tropicales). Dans 20 districts sanitaires, 75% des formations sanitaires ne sont pas accessibles 12 mois sur 12 par voiture.

En 2022, les régions de Vatovavy et Fitovinany (région du Sud-Est) ont été les plus touchées par les cyclones avec plus de 90 établissements de santé, entrepôts de produits de santé et logements pour le personnel de santé endommagés. Plus de 11 routes nationales ont été rendues inaccessibles, ce qui rend encore plus difficile d'atteindre la population touchée avec des services adéquats en temps opportun. Ces violents chocs météorologiques ont eu un impact significatif sur le niveau de vie socio-économique de la population, affectant principalement l’accès des femmes, des jeunes y compris les personnes vivant avec un handicap aux soins de santé.

Les expériences internationales et locales ont démontré que l’approche de proximité, la stratégie mobile, c’est-à-dire l’offre de services à travers les prestations des cliniques mobiles, contribue fortement à l’accès universel à des soins de santé de base.

En effet, les cliniques mobiles constituent un complément clé des systèmes de santé des pays en développement et/ou confrontés à des situations d'urgence. Elles apportent une réponse agile et essentielle aux lacunes des systèmes de santé traditionnels. Ces unités de soins de santé itinérantes ont une forte valeur ajoutée puisqu’elles permettent d’éliminer les barrières géographiques et économiques et facilitent l’accès aux soins de santé pour les populations les plus vulnérables, en offrant des services de santé gratuits aux populations, dans une logique « d’aller-vers ».