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Eliza et Nadine Valérie: Jeunes Ambassadrices de la paix à Antananarivo

Eliza et Nadine Valérie:  Jeunes Ambassadrices de la paix à Antananarivo

Histoire

Eliza et Nadine Valérie: Jeunes Ambassadrices de la paix à Antananarivo

calendar_today 21 Juin 2024

Photo de 2 filles côte à côte
Eliza et Nadine Valérie: Jeunes Ambassadrice de la paix

MADAGASCAR, Antananarivo - Il y a environ 6 mois, RASOARIMALALA Eliza et RAKOTONDRAVAO Nadine Valérie ne se connaissaient pas. Eliza est encore étudiante de 25 ans vivant dans le quartier Tsarahonenana de la capitale, Nadine Valérie, 35, de sa part a déjà travaillé pour une société de zone franche, mais en raison de son handicap survenu en 2016, elle a dû abandonner son emploi. Elle reste à la maison dans son quartier de Soavimasoandro pour s'occuper de ses deux enfants, et dépend des petits revenus de sa mère pour leur survie.

Les deux jeunes femmes se sont rencontrées lors d’une formation des young peacebuilders organisée à Antananarivo, chacune ayant son histoire personnelle sur la violence à partager.

‘’Dans mon quartier, un grand nombre de jeunes hommes et de jeunes femmes n'ont pas de travail et s'adonnent facilement à des actes de délinquance comme la drogue et les violences sans pour autant garantir la paix sociale", a déclaré Eliza.

‘’Avant, je n’avais aucun scrupule à être violente,” a partagé Nadine Valérie, elle, issue d'une famille où la violence est perçue comme une situation normale. Elle était elle-même auteure de violences, notamment morales, à l’encontre de ses enfants et de son entourage.

Elles ont répondu présentes parmi les 165 jeunes qui ont volontairement participé aux sessions de formation sur la consolidation de la paix par l’ONG Tokontany Iraisana (TKI) à Antananarivo, Diégo et Tamatave, l’un des partenaires de mise en œuvre de l’UNFPA. Elles ont par la suite participé à des sessions de formation dans le cadre du projet Immediate Response Facility financé par UN Peacebuilding Fund, pour promouvoir l'éducation à la paix auprès de leurs pairs.

Depuis lors, les deux jeunes femmes se sont mises en réseau pour se soutenir mutuellement dans leur engagement en faveur de la consolidation de la paix dans leurs communautés.

“Après la formation que j'ai reçue, j'ai compris et je suis convaincue que la violence ne mène jamais à la paix et ne résout rien. Depuis, j'ai adopté un nouveau comportement qui ne tolère pas la violence et vise la paix", témoigne Nadine Valérie.

 En effet, le projet vise à impliquer les jeunes en tant qu’acteurs de changement social, engagés dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix à Madagascar notamment dans les villes de Toamasina, Antananarivo, Tuléar et Diégo. Chacune des deux jeunes femmes applique désormais les acquis des formations dans leur vie quotidienne, et surtout, les transmet à leur entourage, particulièrement aux jeunes pour que ces derniers soient également des défenseurs de la paix et des acteurs pleinement engagés au sein de leurs communautés :

‘’Je suis actuellement membre du comité de paix dans mon quartier et je participe à la résolution des conflits sociaux et aux efforts de prévention des violences. Je forme et sensibilise les jeunes de mon quartier sur la prévention des conflits et la promotion de la paix. À l’issue de la formation au mois de décembre 2023, j’ai mené 2 sessions de formation qui ont touché environ 30 jeunes de mon quartier et ont cultivé en eux des comportements positifs rejetant les violences’’, a partagé Eliza.

En plus des interventions en face-à-face, Eliza fait également des sensibilisations en ligne sur sa page facebook qui atteint maintenant plus de 5 000 abonnés : ‘’Avec les aléas de la vie, l’intervention directe dans les Fokontany n’est pas aussi facile à mener. La mobilisation des jeunes reste un défi car ils espèrent toujours recevoir de l’argent en contrepartie. Compte tenu de cette situation, j'ai décidé de me lancer dans des campagnes de sensibilisation en ligne à travers lesquelles je diffuse des messages clés, des conseils et des témoignages autour de la paix et la prévention des violences’’ a-t-elle raconté.

‘’La formation m'a ouvert les yeux. Je me suis rendue compte que la violence ne se limite pas à la violence physique ; les violences morales que j’ai faites presque tous les jours en font également partie et ne mènent pas à la paix. Après avoir donné naissance à mon deuxième enfant en 2016, j'ai eu un handicap qui m’a privée de l'usage d'un de mes pieds. Cet handicap m’a beaucoup perturbé et a eu un impact sur mon comportement. Avant cela, j’étais une personne très sociable et ouverte mais après, tout a changé. Je suis constamment frustrée et je ne vois que des choses négatives. Et je projetais toute cette frustration sur mes enfants et mon entourage. La formation a développé mon estime de soi ; ce qui m'aide à agir positivement, à communiquer avec les gens sans recourir à la violence et à créer de nouveaux liens.", déclare Valérie, convaincue que le changement social commence par elle-même.

 

Au-delà de leur engagement civique, Valérie et Eliza ont des projets de vie qui les motivent au quotidien. Eliza rêve de devenir une grande leader auprès des jeunes. Quant à Valérie, elle veut devenir une femme autonome et indépendante.

 

''Je ne suis pas handicapée de naissance, je l'ai eu en 2016 suite à une complication liée à mon accouchement. Et le pire c’est que mon mari m'a quitté après cela. J’utilise mon histoire pour inspirer les jeunes et les femmes de ma communauté. Prochainement, je vais mettre en place une activité professionnelle rentable qui me permettra d'être autonome'', affirme Valérie.

 

''Je rêve d'un monde sans violence et en harmonie. Je veux changer la mentalité de nombreux jeunes qui sont attirés par l'argent facile, s'adonnent à des activités illégales et qui ne pensent pas à leur avenir. Cela gangrène notre communauté. Je veux être une grande leader de changement", a déclaré Eliza avec détermination.

 

Pour les deux ambassadrices de paix, “La paix est une affaire de tous, et pas seulement l’affaire des forces de l'ordre” et elles font un appel à leurs pairs de prendre leurs responsabilités en main pour éviter les violences, les signaler et cultiver la paix.