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Je me sens en sécurité ici, Je ne veux plus rentrer chez moi !

Je me sens en sécurité ici, Je ne veux plus rentrer chez moi !

Histoire

Je me sens en sécurité ici, Je ne veux plus rentrer chez moi !

calendar_today 25 avril 2024

Sandra, survivante VBG entrain de préparer un plat.
Sandra, survivante VBG © UNFPA Madagascar

Je m’appelle Sandra, je suis mère d’un enfant de 3 ans. Je subis des violences faites par mon partenaire intime depuis 2018, année à partir de laquelle nous avons commencé à cohabiter. Les coups, les blessures et les paroles blessantes que j'endure presque tous les jours me rendent plus vulnérable face à la vie.

Centre de Prise en Charge Intégrée (CPCI) de Toamasina
Centre de Prise en Charge Intégrée (CPCI) de Toamasina

Je vous raconte mon histoire : "Je suis issue d'une famille paysanne de Fénérive Est, où les gens gagnent leur vie en cultivant la terre. Mes parents n'avaient pas les moyens pour financer mes études et j'ai dû arrêter à l'école secondaire. Ma tante, qui vit à Tamatave, était de passage chez nous et a été très sensible à ma situation. Elle a suggéré à mes parents de m'héberger à Tamatave et de financer mes études. Quelle joie d’entendre cette bonne nouvelle ! J’ai considéré cela comme la chance de ma vie ".

Arrivée à Tamatave, Sandra a poursuivi ses études au Lycée, comme sa tante lui avait promis. Au fil des mois, sa tante a abusé d'elle à la maison : "Chez ma tante, j’étais traitée comme une domestique. Je faisais toutes les tâches ménagères et je n'arrivais pas à gérer mon temps entre mes devoirs et les tâches qu’elle exigeait. En conséquence, mes notes étaient médiocres", raconte-t-elle.
Seule face à ces problèmes, Sandra trouvait du réconfort auprès de son petit-ami, un jeune homme qu’elle a rencontré sur le chemin de l’école. C’était à lui qu’elle confiait ses soucis et ses secrets. Au fil du temps, leur relation était devenue sérieuse et ils ont eu un enfant. Afin
de s’occuper de son bébé, Sandra a dû quitter pour la seconde fois l’école. "Au début de notre relation, il m'aimait beaucoup, il me portait beaucoup d’attention. Une fois qu’on a emménagé ensemble, il a commencé à me battre, à me rabaisser et à m’insulter sans aucune raison. Cela dure maintenant depuis plus de 5 ans, car je ne travaillais pas et ne pouvais pas participer aux charges du ménage. Chaque jour, je paniquais, je ne trouvais pas la paix, je vivais dans l'angoisse ".

Sans pouvoir résister à ces violences, ne pouvant plus retourner chez sa tante et ne voulant pas inquiéter ses parents, elle a cherché de l'aide auprès de ses voisines. Ces dernières lui ont conseillé de se rendre au Centre de Prise en Charge Intégrée des Violences basées sur le genre (CPCI) de Toamasina pour recevoir un accompagnement et avoir des informations sur ses droits.
Sandra et son enfant ont été bien accueillis par l’équipe du centre composée de l’intervenante sociale et de l’Officier de Police Judiciaire. Après avoir reçu les conseils de la part de ces professionnels, Sandra y est temporairement hébergée en attendant l’issue de son dossier incluant le jugement de son compagnon et les prestations de pension alimentaires par ce dernier. Sandra dit avoir trouvé la paix dans la chambre où elle est maintenant : "Ici, je me sens en sécurité, je ne veux plus rentrer chez moi", a-t-elle confié.

 

Sandra, hébergée au CPCI de Toamasina
Sandra, hébergée au CPCI de Toamasina

 

L'intervenante sociale continue à soutenir son rétablissement psychologique et son projet de vie : "Je rêve de poursuivre mes études et d'obtenir au moins le baccalauréat, afin de trouver un emploi décent", souligne Sandra.

Sandra n'est pas la seule personne à bénéficier des interventions du centre. De nombreuses femmes fréquentent le centre pour recevoir du soutien psychologique, des conseils et des orientations pour sortir des violences dont elles sont victimes. De janvier à mars 2024, 194
cas de VBG y ont été traités, la violence économique étant la plus commune.

Prise en charge des survivantes de VBG au CPCI de Toamasina
Prise en charge des survivantes de VBG au CPCI de Toamasina

 

 

Le CPCI de Toamasina a vu le jour en mars 2022 grâce au partenariat entre le Ministère de la Population, le Peuple Japonais et UNFPA. Il a pour mission de défendre les droits des plus vulnérables notamment les personnes victimes de violences basées sur le genre comme
Sandra. Son histoire nous alerte sur l’importance de l’investissement dans l’éducation de la fille et de la femme afin de lui permettre d’être autonome, de prendre les bonnes décisions pour sa vie et sa santé et de ne pas dépendre financièrement de son partenaire, comme la majorité des cas traités au sein des CPCI.

Nous voudrions lancer un appel à tous les acteurs pour des efforts conjoints en matière de renforcement des capacités de résilience et d’autonomie des femmes face aux VBG afin de restaurer leur dignité et également en termes d’investissement dans les différents secteurs
contribuant à leur émancipation entre autres l’éducation, la création d’emploi, l’accès à la santé, l’accès aux informations et l’élimination des pratiques culturelles néfastes.